Skip to main content

Capables de marcher, de porter des charges et d'effectuer des tâches au sein d'un environnement complexe, les robots humanoïdes constituent l'un des Graals de la robotique. Si la recherche progresse et les projets se multiplient, ces automates bipèdes ont encore de nombreux progrès à faire avant de connaître des applications concrètes.

 

logo

 

Capables de marcher, de porter des charges et d'effectuer des tâches au sein d'un environnement complexe, les robots humanoïdes constituent l'un des Graals de la robotique. Si la recherche progresse et les projets se multiplient, ces automates bipèdes ont encore de nombreux progrès à faire avant de connaître des applications concrètes.

Par Samuel Arnaud - Publié le 04/09/23

Faits, tendances et initiatives

v  Les robots humanoïdes, ou anthropomorphes, constituent l'une des prochaines grandes évolutions de la robotique. Ces automates bipèdes pourraient effectuer des actions "comme les humains" en se déplaçant de manière fluide, afin de pousser un cran plus loin l'automatisation de tâches répétitives voire dangereuses. Les industriels suivent les évolutions de cette technologie, à l'image de Tesla ou d'Airbus, instigateurs ou partenaires de projets de recherche.

v  Portée à la fois par de grandes entreprises et des start-up, la recherche dans ce segment attire de plus en plus d'attentions. Le milieu profite de "la mode [du] financement de projets ambitieux et risqués", dixit L'Usine Nouvelle, ainsi que de la baisse des coûts des technologies numériques.

v  Si les progrès effectués depuis plusieurs années s'avèrent spectaculaires, ces robots humanoïdes sont encore loin d'être réellement fonctionnels. Deux principaux freins ont été identifiés par les chercheurs : la difficulté à rester en équilibre pour les machines bipèdes, qui doivent parvenir à se maintenir debout tout en effectuant des actions dynamiques et précises ; la complexité de l'environnement humain dans lequel elles évoluent, où une simple volée de marches peut représenter un obstacle important.

v  Face à ces difficultés, les acteurs du secteur empruntent deux voies différentes : certains poursuivent leurs recherches et continuent à croire en des modèles technologiques ultraperfectionnés, tandis que d'autres revoient leurs ambitions à la baisse et préfèrent opter pour des robots ne se déplaçant plus sur deux jambes ou effectuant des tâches à plus faible valeur ajoutée.

Sélection d’acteurs

·       Boston Dynamics : cette société américaine est considérée comme l'une des plus avancées en matière de robotique humanoïde. En août 2022, elle a annoncé la création de son propre institut d'intelligence artificielle, en collaboration avec Hyundai Motors. L'établissement sera doté de 400 millions d'euros et visera à "rendre les robots plus intelligents, plus agiles, plus habiles et, de manière générale, plus simples à utiliser. Davantage à l'image des hommes."

·       Xiaomi : le groupe chinois d'électronique a dévoilé son robot bipède, CyberOne, en août 2022. Il possède un écran Oled incurvé en guise de visage.

·       Tesla : le constructeur automobile a présenté son Tesla Bot, nommé Optimus, en septembre 2022. Elon Musk, dirigeant de l'entreprise, souhaite déployer ce robot dans ses usines à grande échelle. Il compte notamment "réutiliser des briques de vision et de conduite autonome développés pour ses voitures, mais aussi capitaliser sur l'expérience du groupe dans les moteurs électriques et les batteries", indique L'Usine Nouvelle.

·       Agility Robotics : cette start-up américaine a mis au point un robot, Digit, consacré au déplacement de colis dans les entrepôts. Elle a levé 150 millions de dollars en 2022, en partie auprès d'Amazon, pour industrialiser sa production.

·       Aldebaran : la start-up française a mis au point plusieurs modèles de robots humanoïdes et sur roues. Elle a été rachetée par le fonds japonais Softbank en 2015, puis cédée à l'allemand United Robotics Group en 2022.

·       Enchanted Tools : fondée par Jérôme Monceaux, un ancien d'Aldebaran, cette jeune pousse tricolore a levé 15 millions d'euros en 2022 afin de développer son prototype de machine humanoïde.

·       PAL Robotics : start-up espagnole commercialisant son robot humanoïde Talos. En matière de recherche, elle collabore avec le Laas, Laboratoire d'architecture et d'analyse des systèmes, rattaché au CNRS et situé à Toulouse.

Paroles d'expert

"Chaque année, les vidéos de Boston Dynamics détruisent le moral des chercheurs. Mais l'idée qu'une vague de robots humanoïdes va bientôt tout révolutionner revient tous les dix ans et reste peu crédible. […] La forme humanoïde pose des problèmes complexes, qui forcent à innover. Elle reste donc pour l'instant une plateforme de recherche."

"Quand les gens imaginent que les robots humanoïdes vont bientôt dépasser l'humain et prendre leur travail, on rigole. […] Dans un monde idéal, tout serait intégré dans une seule machine. Mais nous n'en sommes pas là. La robotique humanoïde en est à sa préhistoire."

Olivier Stasse, directeur de Gepetto, l'équipe de robotique anthropomorphe du Laboratoire d'architecture et d'analyse des systèmes (Laas-CNRS)

 

"La robotique humanoïde est un problème très complexe, mais Elon Musk peut dynamiser le secteur. Plus on met d'ingénieurs et de capitaux sur un projet, plus on peut casser de machines, et plus on avance."

Philippe Souères, directeur du département robotique du Laas-CNRS

 

"Il vaut mieux adapter la forme des robots à leur fonction et prendre un Roomba pour faire le ménage, d'autant que la forme humanoïde est très consommatrice de ressources, à l'inverse des principes d'économie de la robotique industrielle."

Jade Le Maître, directrice de Proxinnov, plateforme dédiée à la robotique industrielle

 

Samuel Arnaud

Synthèse rédigée d'après l'article "Robotique humanoïde. Le golem continue de faire rêver", in L'Usine nouvelle, n° 3712, novembre 2022

Cliquez ici pour en savoir plus sur les formats de citations et références bibliographiques

Auteur :
Arnaud, Samuel
Localisation :