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Avec son nom facilement reconnaissable et ses multiples initiatives, Le Slip Français est devenu en une décennie l’un des symboles du made in France, au sein d’un secteur textile fortement touché par les délocalisations.

 

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Avec son nom facilement reconnaissable et ses multiples initiatives, Le Slip Français est devenu en une décennie l’un des symboles du made in France, au sein d’un secteur textile fortement touché par les délocalisations.

Par Samuel Arnaud - Publié le 20/03/2023

 

« Des copains m’ont mis au défi de faire du business avec des slips, je leur ai assuré que tout était possible. Tout est parti de là », assure Guillaume Gibault, fondateur du Slip Français. Derrière le storytelling se cache cependant une envie de défendre le savoir-faire textile français, de redynamiser les territoires et de répondre à une demande croissante des consommateurs. Avec succès : onze ans après sa création, en 2011, Le Slip Français réalisait 25 millions d’euros de chiffre d’affaires, possédait une vingtaine de boutiques, avait vendu plus de 4 millions de produits – dont 500 000 slips – et regroupait 120 salariés.

 

Une DNVB qui étend ses activités

Le Slip Français est né sur Internet, s’appropriant les codes et stratégies de ce canal pour se faire connaître : crowdfundings lors du lancement de nouveaux produits, campagnes virales créatives (« Le changement de Slip, c’est maintenant », « Le Slip qui sent bon »…), etc. La DNVB (digital native vertical brand) répond aux envies de clients à la recherche d’articles durables et de qualité. « Ils ont 40 ans en moyenne, plutôt urbains, en grande majorité habitant en France », décrit Anne Labbé, responsable des relations publiques et des réseaux sociaux de l’entreprise, au magazine M&T2. Le succès de l’offre a permis à la jeune pousse de diversifier son catalogue au fil des années : en plus des sous-vêtements, elle y a ajouté des pyjamas, des chaussants (chaussons, chaussettes, espadrilles), des pulls, des chemises… La production demeure en grande majorité sous-traitée à des fabricants locaux.

Son créneau assumé du made in France a aussi permis à l’entreprise d’attirer les financements. Des investisseurs sont entrés au capital en 2015 et en 2016, suite à des levées de fonds de 2 et 8 millions d’euros. Une troisième opération de ce genre a été bouclée en mars 2023, en passant cette fois-ci par un crowdfunding ayant rassemblé plus de 2200 personnes pour 3,5 millions d’euros récoltés. Ces apports ont permis au Slip Français de soutenir le développement de son offre, mais également de se lancer dans la distribution physique. Son premier magasin a ouvert en 2014 à Paris et une vingtaine d’autres ont été inaugurés depuis.

 

Bousculer le milieu… et se remettre en question

Le Slip Français détonne dans le milieu du textile français, ce qui ne manque pas de soulever quelques mécontentements. Certains pointent du doigt son marketing trop appuyé, qui ne refléterait pas la réalité du secteur. Dans un article du Monde paru en novembre 2022, une entrepreneuse interrogée au sujet du groupe rappelait qu’il n’était qu’un distributeur. « Le quotidien de ceux qui ”se lèvent le matin pour faire tourner les machines“ est plus “complexe” que la vie de cette entreprise détenue par un fonds d’investissement », relayait le quotidien. « Réconcilier les Français et le monde industriel, c’est toujours bon à prendre », tempérait Christian Schmitt, patron de la PME Henitex, partenaire du Slip Français dans la confection de vêtements sans couture.

La société a également dû gérer plusieurs affaires délicates en interne, liées à des accusations de racisme et d’entre-soi. Depuis, Le Slip Français travaille avec les associations Diversidays et Mozaïk RH afin de diversifier ses recrutements. « Par ce triste épisode, je me suis remis en question. J’ai pris conscience du manque d’inclusivité dans notre écosystème, souvent issu des mêmes écoles de commerce », reconnaissait Guillaume Gibault dans Stratégies en mars 2021.

 

Production, marque blanche, seconde main : un avenir bien rempli et un engagement confirmé

Devenue entreprise à mission – pour « réinventer avec panache l’industrie textile française » – en 2020, certifiée B Corp début 2022 dans le cadre de sa démarche de responsabilité sociétale, Le Slip Français a de nombreux projets en tête pour l’avenir, profitant de sa dynamique et de sa réputation :

·         continuer à développer sa propre production : la société a inauguré sa première ligne de fabrication de pantoufles en 2021, dans l’Indre, en partenariat avec le maroquinier Léon Flam. 60 000 euros ont été investis dans des machines à coudre et la formation de trois coutumières.

·          valoriser son expertise du made in France auprès d’autres acteurs du milieu textile, en proposant un service BtoB d’accompagnement et de vente de produits en marque blanche. Nommée « Les Ateliers du Slip », cette action a été amorcée fin 2022 et a déjà permis de signer un contrat avec Kalhyge, spécialiste du vêtement de travail. « Nous sommes de plus en plus sollicités pour accompagner des marques ou des acheteurs dans leur stratégie de relocalisation grâce à notre réseau et à notre connaissance des problématiques », indiquait Guillaume Gibault à la revue Be the Boss en janvier 2023.

En revanche, sa plateforme « Le Slip dans le bon sens », dévoilée fin 2021 et qui était orientée sur la seconde main et la revente des produits de la marque, n’a apparemment pas trouvé son public : elle n’est plus accessible un an et demi plus tard. Mais Guillaume Gibault reste optimiste pour l’avenir de son entreprise et des vêtements made in France. « Actuellement, il n’est pas possible de tout produire en France car les investissements seraient trop importants et les prix peu compétitifs. Mais au fur et à mesure de l’augmentation des volumes, ce problème disparaîtra. Je veux que le Slip Français participe à ce mouvement », expliquait-il en janvier 2023.

 

Samuel Arnaud

 

Auteur :
Arnaud, Samuel
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