Selon une étude de Boston Consulting Group et de Vestiaire Collective, la part de l'occasion dans la garde-robe des consommateurs devrait atteindre 27 % d'ici fin 2023, dans le monde. Les marques ont l'opportunité de capturer de nouveaux clients en s'impliquant dans le marché de l'occasion, en mettant en place leurs propres opérations de revente ou en collaborant avec des plateformes spécialisées.

Par Justine Carrel - Publié le 07/04/2023

Le cabinet international de conseil en stratégie Boston Consulting Group a réalisé en collaboration avec Vestiaire Collective - la plateforme française de mode de luxe de seconde main - une étude mondiale dédiée à la mode et au luxe d'occasion. Selon leurs prévisions, l'occasion pourrait représenter 27 % de la garde-robe des consommateurs d'ici la fin de l'année 2023.

Des comportements de consommation en transformation

Depuis 2020, le marché de la seconde main a triplé de taille. Sa valeur était estimée en 2022 entre 100 et 120 milliards de dollars à l'échelle mondiale. Il représente désormais 3 à 5 % du secteur de l'habillement, des chaussures et des accessoires.

Les adeptes de la slow consommation, qui privilégient des produits abordables et une plus grande variété de pièces actuelles, sont de plus en plus nombreux. Les consommateurs de la Génération Z (les personnes nées entre le milieu de la fin des années 1990 et le début des années 2010), en particulier dans le segment des produits de luxe, se révèlent particulièrement engagés dans l'achat et la revente de produits d'occasion. Selon l'étude, en 2022, 31 % d'entre eux ont acheté des produits d'occasion et 44 % en ont revendu. C'est pourquoi les grandes marques ont un intérêt à s'impliquer sur ce marché afin de capter cette cible d'avenir.

Interrogés sur leurs motivations en ce qui concerne la revente, 60 % des consommateurs disent vouloir épurer leur garde-robe et libérer de l'espace. De plus, tandis que de nombreux vendeurs cherchent à récupérer une valeur résiduelle pour leurs produits, 39 % d'entre eux prévoient de dépenser cette somme pour l'achat d'articles d'occasion, tandis que 20 % préfèrent investir dans des pièces neuves.

Des opportunités à saisir pour les marques

La seconde main, encouragée par la crise sanitaire de Covid-19, continue d'être un élément clé des stratégies écologiques des maisons de luxe, comme en témoignent les récentes initiatives de marques. Balenciaga a par exemple annoncé, en septembre 2022, le lancement de Re-sell, un programme de revente qui permet de vendre des vêtements issus des collections passées en échange d’un bon d’achat. À la même période, Hugo Boss a lancé son site de revente en ligne, "Pre-Loved", permettant aux clients d'acheter des vêtements de la marques moins chers et de s'inscrire dans une démarche de consommation plus responsable.

Selon Sarah Willersdorf, Directrice Mondiale du Luxe au sein de BCG, il est maintenant évident que les consommateurs ont adopté la seconde main, ce qui modifie leur façon d'acheter et de vendre leurs vêtements. Cela représente une opportunité pour les marques de capturer de nouveaux clients tout en attirant les acheteurs existants motivés par la durabilité, "l'abordabilité" et l'exclusivité. Le cabinet Boston Consulting Group conseille aux marques de mener leurs propres opérations de revente ou de collaborer avec des plateformes spécialisées afin de déléguer la logistique et le traitement des paiements. L'idée est d'explorer le marché de la seconde main et de s'implanter de manière expérimentale ou durable, compte tenu de la croissance significative de ce secteur. L'étude, réalisée conjointement avec Vestiaire collective, révèle que près de 60 % des consommateurs ont découvert une marque ou l'ont achetée pour la première fois grâce à des achats d'occasion.

Justine Carrel