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Alors que certaines banques américaines déploient déjà des solutions basées sur l'intelligence artificielle générative dans leurs services, les acteurs français font preuve de plus de retenue. Le signe que ChatGPT et ses équivalents, malgré leur potentiel indéniable, soulèvent encore des interrogations quant à leur utilisation concrète.

 

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Alors que certaines banques américaines déploient déjà des solutions basées sur l'intelligence artificielle générative dans leurs services, les acteurs français font preuve de plus de retenue. Le signe que ChatGPT et ses équivalents, malgré leur potentiel indéniable, soulèvent encore des interrogations quant à leur utilisation concrète.

Par Samuel Arnaud - Publié le 12/09/23

 

L'intelligence artificielle a déjà conquis le secteur bancaire, que ce soit pour traiter les volumes massifs de données financières ou pour diriger des chatbots capables de répondre aux questions basiques des clients. L'irruption de nouvelles IA génératives, dont l'exemple le plus connu est ChatGPT, devrait renforcer la place de cette technologie dans le milieu. "ChatGPT pourrait n'être que le début d'une nouvelle ère d'utilisation d'une catégorie spécifique d'IA par les banques", estime dans Revue Banque Nizar Yakoubi, spécialiste de la Tech au sein du cabinet Capco Paris. Ce type d'IA comprend mieux le langage naturel et offre de nouvelles possibilités en matière d'analyse de datas, de relation-client, de vérification, etc.

Un développement rapide à l'international

Aux États-Unis, plusieurs géants du monde financier s'approprient déjà cette nouvelle génération d'intelligence artificielle. JPMorgan collabore directement avec OpenAI, la société derrière ChatGPT, pour concevoir une solution analysant les discours des banques centrales afin d'anticiper leurs futures décisions. Les traders peuvent ainsi mieux orienter leurs choix d'investissement. "Le projet actuel vise à fournir aux clients des rapports et des données à haute fréquence en temps réel pour alimenter les algorithmes de négociation ou l'analyse générale", indique l'entreprise.

En septembre 2023, c'était au tour de Morgan Stanley de dévoiler son chatbot, élaboré là encore avec OpenAI. Il assiste les conseillers financiers en cherchant à leur place dans la base de recherche de la banque. D'autres fonctionnalités sont en cours de conception, comme la possibilité de résumer automatiquement une conversation tenue avec un client ou la programmation de rendez-vous de suivi. "L'impact [de l'IA] sera très important, potentiellement comparable à l'avènement d'Internet", estime Sal Cucchiara, directeur des systèmes d'information de la division gestion de patrimoine de l'entreprise.

De son côté, Bloomberg, spécialiste de l'information économique, a révélé au printemps 2023 qu'il travaillait sur "BloombergGPT", une IA générative basée sur l'ensemble des données collectées par la firme au cours des dernières décennies. L'outil, qui "surpasse les modèles existants dans la finance" selon Bloomberg, servira dans l'analyse économique, la recherche de données ou la rédaction de contenus.

Enfin, Les Échos note que des établissements bancaires sud-coréens testent des conseillers virtuels plus poussés que les modèles existants. Grâce à l'IA générative, ils peuvent interagir davantage avec les clients et leur proposer des produits plus variés.

Les banques françaises plus prudentes

Dans l'Hexagone, ChatGPT et consorts n'emportent pas encore l'adhésion. "Les grandes banques françaises demeurent dans une phase d'expérimentation prudente. Il n'y a rien de très concret à ce stade", souligne Julien Maldonato, associé conseil chez Deloitte, en juin 2023. Il faut dire que les interrogations entourant cette nouvelle technologie demeurent nombreuses. "Certains défis et considérations doivent être examinés attentivement avant une mise en œuvre plus large", confirme Nizar Yakoubi. La confidentialité et la sécurité des données posent question, de même que la conformité réglementaire de ces outils. Leur fiabilité et les biais dont souffrent les algorithmes sont également pointés du doigt. "Les analystes de Morgan Stanley eux-mêmes écrivaient en février dernier que ChatGPT pouvait parfois générer 'des réponses apparemment convaincantes, mais en réalité erronées'", rappelait Les Échos.

Dans ce contexte, les banques françaises avancent donc sans se précipiter. Luc Barnaud, directeur data et IA chez BPCE, prône une "utilisation maîtrisée et responsable des nouvelles technologies", en admettant être dans une "phase exploratoire" avec l'IA générative. Pour la Société Générale, il faut parvenir à dimensionner correctement l'échelle d'utilisation de ces solutions, tout en les rendant complémentaires avec les modèles existants, explique Claire Calmejane, directrice de l'innovation du groupe. La SG a lancé des expérimentations via Boursorama, sa filiale spécialisée dans la banque en ligne.

Samuel Arnaud

Auteur :
Arnaud, Samuel
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