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Confrontés à la pression environnementale et réglementaire, les industriels cherchent à réduire la part de plastique dans leurs emballages. Un défi colossal, l'emballage étant le premier débouché d'utilisation du plastique dans le monde. Mais des solutions se mettent en place petit à petit.

 

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Confrontés à la pression environnementale et réglementaire, les industriels cherchent à réduire la part de plastique dans leurs emballages. Un défi colossal, l'emballage étant le premier débouché d'utilisation du plastique dans le monde. Mais des solutions se mettent en place petit à petit.

Par Samuel Arnaud - Publié le 05/12/23

 

Comment utiliser moins de plastique dans les emballages ? Telle est la question à laquelle nombre d'industriels de la grande consommation se trouvent désormais confrontés. Bouteilles, flacons, barquettes, films : le plastique reste pour l'instant omniprésent, que ce soit dans l'alimentaire, les cosmétiques ou les produits ménagers. Changer de paradigme va pourtant être nécessaire, tant pour des raisons environnementales que réglementaires : la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) veut réduire le nombre d'emballages en plastique à usage unique de 20 % d'ici la fin 2025, puis les supprimer complètement en 2040. Le décret 3R (réduction, réemploi, recyclage) de 2021 impose de son côté la création d'une filière de recyclage opérationnelle pour tous les emballages au 1er janvier 2025.

Face à ces changements législatifs, industriels et fabricants s'activent. Ils revoient leurs emballages pour y introduire davantage de matière recyclée, réduire leur poids et supprimer le superflu, ou encore remplacer plus souvent le plastique par du papier, du carton voire du verre.

Les produits de grande consommation, premiers concernés

Chez les spécialistes de l'agroalimentaire, les initiatives s'avèrent nombreuses afin de réduire la place du plastique. Danone teste le PLA, un plastique biosourcé et biodégradable, pour certains pots de yaourts, et a supprimé l'étiquette en PET souple de certaines bouteilles afin d'améliorer leur recyclabilité, ce qui représente dans le même temps une économie de 107 tonnes de plastique par an. De son côté, Olga a enlevé le couvercle en plastique de ses grands pots de yaourt pour réduire sa consommation de plastique de 60 tonnes annuelles. Quant à Eurial, les pots de sa marque Laitiers bio sont fabriqués avec 50 % de matière recyclée depuis 2022. "Il s'agit d'un véritable investissement que nous avons choisi de faire sur une marque bio puisque le surcoût de la matière recyclée est de 20 %", précise Sophie Dautet, directrice marketing ultrafrais du groupe, auprès de LSA.

Les membres de la Fédération des entreprises de la beauté (Febea) suivent eux leur feuille de route Plastic Act, dévoilée en 2021. Elle prévoit, d'ici 2025, de réduire la part du plastique dans les emballages de 15 %, d'intégrer entre 10 et 25 % de plastique recyclé, et de proposer des conditionnements entièrement recyclables. "Sur la réduction de matière, on y arrivera. Tous les derniers lancements ont été réalisés soit après allègement, soit par intégration d'un système de recharge", indiquait Emmanuel Guichard, délégué général de la Febea, au printemps 2023. Les grands groupes mènent la manœuvre : Pierre Fabre et L'Oréal allègent de 20 % le poids de leurs nouveaux emballages et commencent à reconsidérer le verre, pertinent dans le cadre d'un système de recharge. "En 2030, tous nos emballages en plastique seront réutilisables, rechargeables, recyclables ou compostables", assure Jacques Playe, directeur emballage et développement produit de L'Oréal.

Même le luxe fait évoluer ses pratiques. Boîtier de maquillage en plastique recyclé chez Chanel, vin rosé embouteillé dans du plastique recyclé pour LVMH, bouteille en fibre de lin pour la maison de cognac A. de Fussigny… "Sur un segment de marché pour lequel le poids a longtemps été synonyme de qualité, la tendance est à suivre avec la plus grande attention", souligne Emballages magazine.

Des solutions s'affranchissant du plastique

Derrière les efforts des industriels, des start-up comptent faire disparaître le plastique des emballages en misant sur de nouvelles approches et des matériaux novateurs. "Dans cette période de chaos, l'ère des 'R' est propice aux innovations de rupture", confirme Emballages magazine. Notpla, jeune poussée fondée par un Français et basée à Londres, a ainsi mis au point un emballage à base d'algues et de plantes. "Notre packaging est déployé dans neuf pays en Europe. Il a déjà évité 3 millions de plastiques à usage unique", affirme Pierre Paslier, codirigeant de la société, qui a déjà convaincu le spécialiste de la livraison Just Eat et devrait collaborer avec Decathlon à partir de 2024.

Cilkoa veut elle remplacer le plastique par de la cellulose, en traitant cette dernière en amont pour lui conférer de nouvelles propriétés. "Notre technologie apporte au substrat des propriétés hydrophobes, protège le contenu contre l'oxygène extérieur ou, au contraire, évite les fuites d'azote ou de dioxyde de carbone utilisés pour la conservation", explique Olivier Muquet, cofondateur de la start-up, dans L'Usine Nouvelle. La revue indique que la cellulose augmentée de Cilkoa a déjà séduit plusieurs acteurs de l'agroalimentaire, qui ont signé des contrats avec l'entreprise.

Dans les produits d'hygiène, 900.care défend un modèle quasiment sans plastique : ses cartouches de gel douche, de shampooing ou d'eau micellaire sont emballées dans du papier et prêtes à l'emploi une fois dissoutes dans l'eau. Les autres contenants proposés sont réemployables et contiennent 50 % de plastique recyclé. En 2022, la société a vu son nombre de clients passer de 6 000 à 50 000, ce qui a permis d'éviter le recours à 1,4 million de contenants en plastique. "C'est l'exemple absolu vers lequel on va probablement aller", estime Emmanuel Guichard.

 

Samuel Arnaud

 

 

 

Principales sources utilisées pour la rédaction de cet article :

·         Lavabre Sylvie, "Les acteurs de l'ultrafrais font la chasse aux emballages", LSA, 9 novembre 2023, pp.22-24, 26, 28, 30, 32-33

·         Rousselle Laurent, "Emballage. Quand la R&D se retrousse les manches", in "L'irrésistible ascension du plastique", L'Usine Nouvelle, novembre 2023, pp.98-100

·         Rousselle Laurent, "La beauté se désintoxique du plastique", L'Usine Nouvelle, mai 2023, pp.114-116

·         "L'ère des 'R'", Emballages magazine, septembre 2022, pp.51-52, 54-56, 58, 60, 62, 64, 68 

Auteur :
Arnaud, Samuel
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