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Fondée en 2014, la start-up française Lactips a élaboré un bioplastique recyclable et biodégradable à partir de caséine, une protéine provenant du lait. Elle compte profiter des changements réglementaires et de la pression environnementale pour conquérir de plus en plus de clients et accélérer son développement.

 

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Fondée en 2014, la start-up française Lactips a élaboré un bioplastique recyclable et biodégradable à partir de caséine, une protéine provenant du lait. Elle compte profiter des changements réglementaires et de la pression environnementale pour conquérir de plus en plus de clients et accélérer son développement.

Par Samuel Arnaud - Publié le 06/12/23

 

"En tant que pionnier, notre vision est de devenir un référent mondial des polymères naturels et biodégradables sans microplastiques contribuant activement à la réduction du gaspillage et de la pollution des plastiques d’origine fossile", indiquait à l'été 2022 Alexis von Tschammer, directeur général de Lactips. Cette entreprise française s'appuie sur les recherches de Frédéric Prochazka, son cofondateur et enseignant à l'université Jean-Monnet de Saint-Etienne, qui a mis au point un plastique biosourcé à base de caséine, une protéine issue du lait.

Il dépose un brevet en 2010, puis lance Lactips quatre ans ans plus tard suite à sa rencontre avec Marie-Hélène Gramatikoff, ancienne ingénieure plasturgiste. "Elle a été impressionnée par la solution, et s’est mise à faire des études de marché par rapport notamment aux emballages hydrosolubles de détergents, comme les tablettes de lave-vaisselle. C’est un secteur intéressant, car même si le plastique utilisé aujourd’hui se dissout au contact de l’eau et disparaît à l’œil nu, ses polymères, issus de la pétrochimie, ne sont pas biodégradables et restent dans l’environnement", décrit Frédéric Prochazka dans Les Échos.

Des débouchés variés

Depuis sa création, Lactips a déposé sept autres brevets. Son bioplastique est recyclable, biodégradable et hydrosoluble. Il peut être utilisé en tant qu'emballage alimentaire, film pour tablettes de lave-vaisselle ou lave-linge, étiquettes et attaches hydrosolubles, ou encore pour concevoir de petits objets comme les tees de golf. " Mais attention, notre matériau ne peut pas remplacer tous les plastiques. En raison de son aspect hydrosoluble, il est banni de fait de nombreux secteurs, comme celui des bouteilles ou des sacs-poubelles", avertit Frédéric Prochazka.

Lactips met en avant les caractéristiques écologiques de son produit. Selon une analyse du cycle de vie menée par le cabinet RDC Environnement, un film plastique élaboré à partir de caséine et dédié à l'emballage de tablettes de lavage n'émettrait pas moins de CO2 qu'un équivalent conventionnel. En revanche, il consommerait 60 % de ressources fossiles en moins et diviserait son écotoxicité en eau douce par huit. "Si le bilan carbone reste incertain et dépend au cas par cas de l’utilisation faite du plastique Lactips, nul doute que son impact environnemental reste tout de même bien moindre que son équivalent pétrochimique", résume Les Échos, d'autant plus que le processus de transformation des granulés de Lactips est moins énergivore.

Enfin, la start-up défend un coût abordable pour ses clients. "Par exemple, sur les emballages de tablettes de détergents, nous sommes au même prix, ou peut-être juste légèrement plus cher", estime Frédéric Prochazka. De plus, les granulés sont adaptés aux lignes de transformation du plastique déjà présentes chez les industriels, ce qui leur évite de devoir investir dans des machines spécifiques. Venthenat, spécialiste des films plastiques, ou Lorge, producteur d'étiquettes, comptent parmi les premiers clients de la société.

Poursuivre l'industrialisation

Lactips est parvenue à lever plus de 20 millions d'euros depuis ses débuts afin de soutenir son développement. En 2022, l'entreprise a inauguré sa première usine, située à Saint-Paul-en-Jarez (Loire). Elle permet de fabriquer 1 500 tonnes de granulés par an, et pourra grimper à 10 000 tonnes lorsque toutes les lignes de production seront actives. "Tous ces dispositifs sont les moyens de nos ambitions pour écrire le futur ; c’est-à-dire le passage d’une start-up deeptech, greentech à une PME industrielle à forte croissance et reconnue sur le marché comme pionnier dans la transition écologique des plastiques", décrivait Alexis von Tschammer lors de l'ouverture du site.

En septembre 2023, Lactips a partagé son ambition de réaliser une nouvelle levée de fonds de 14 millions d'euros d'ici la fin d'année. Elle lui permettra d'accélérer sa cadence de production, sa R&D, son expansion commerciale et son recrutement, avec une vingtaine de nouveaux postes susceptibles d'être créés à l'horizon 2025. Pour Alexis von Tschammer, la start-up est à un "moment-clé" de son histoire : "Nous avons un alignement favorable des planètes. Notre technologie est prête, nous disposons d'un site industriel prêt à produire en grandes quantités et, en face, nous avons des clients et des prospects industriels assujettis à de nouvelles normes réglementaires et sociétales, dans l'obligation d'accélérer leur transformation écologique. Lactips est sur le point de connaître une puissance accélération."

 

Samuel Arnaud

 

 

 

Principales sources utilisées pour la rédaction de cet article :

·         Fortin Pierre, "Lactips, du plastique à base de lait", lesechos.fr, 18 juillet 2022

·         Gallo Triouleyre Stéphanie, "Lactips sur le point de boucler une nouvelle levée de fonds pour son plastique issu d'une protéine de lait", latribune.fr, 14 septembre 2023

·         "Lactips entre dans une nouvelle ère industrielle avec l'inauguration de sa 1ère unité de production", pulsalys.fr, 12 septembre 2022

Auteur :
Arnaud, Samuel
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