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Derrière les leaders Too Good To Go, Phenix ou Nous anti-gaspi, d'autres start-up se positionnent sur le secteur de l'anti-gaspillage alimentaire, en visant des publics variés. Zoom sur cinq d'entre elles : Beesk, Bene Bono, PimpUp, Stokelp et Willy anti-gaspi.

 

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Derrière les leaders Too Good To Go, Phenix ou Nous anti-gaspi, d'autres start-up se positionnent sur le secteur de l'anti-gaspillage alimentaire, en visant des publics variés. Zoom sur cinq d'entre elles : Beesk, Bene Bono, PimpUp, Stokelp et Willy anti-gaspi.

Par Samuel Arnaud - Publié le 26/01/24

Beesk (2018), le BtoB à destination des restaurateurs, hôteliers ou professionnels de l'événementiel

Plutôt que de jeter les produits "hors normes" (mal calibrés, tâchés, dont la date de durée limite d'utilisation a été dépassée, etc.), Beesk les rachète aux industriels et producteurs agroalimentaires, avant de les revendre et de les livrer aux acteurs de la restauration, de l'événementiel, de l'hôtellerie, etc. "Nous avons un catalogue d’environ 150 références : fruits, légumes, fromages, laitages, traiteur, viandes, charcuterie, boulangerie, etc. Nous sommes multi familles et 80 % de nos produits sont récurrents. C’est ce mix qui intéresse nos clients et qui rend le coût de sauvetage attractif. Pour travailler avec nous, chacun de nos clients doit s’engager à ce qu’au moins 5 % de ses achats passent par chez nous", explique Fabien Gastou, cofondateur de la société. En amont, cette dernière s'approvisionne auprès d'environ 90 fournisseurs. Ce positionnement en BtoB permet à Beesk de ne pas être en concurrence avec les applications anti-gaspi BtoC les plus connues.

En 2022, Beesk estime avoir sauvé 1 million de repas, pour un chiffre d'affaires de 1,4 million d'euros. Celui-ci devrait dépasser les 2 millions en 2023, alors que la start-up connaît une croissance mensuelle de 15 à 20 % depuis le printemps. Cette dynamique va s'accompagner d'une expansion géographique dans l'Ouest, grâce à l'ouverture d'un nouvel entrepôt, alors que le service était jusque-là cantonné à la région parisienne et à l'Auvergne-Rhône-Alpes. "Il s’agit de changer les habitudes, des cuisiniers comme des convives. On a une grosse activité de communication, de pédagogie, de sensibilisation sur nos produits hors normes. Nous voulons convaincre un maximum de chefs de s’engager dès à présent dans une démarche RSE, pour assurer la restauration de demain", indique Fabien Gastou. Pour soutenir ce développement, la start-up a bouclé une levée de fonds de 1 million d'euros en 2023, après une première opération similaire lui ayant permis d'amasser 700 000 euros en 2020.

Bene Bono (2020) et PimpUp (2021) parient sur l'abonnement pour leurs paniers de fruits et légumes

Bene Bono (ex-Hors Normes) se focalise sur les fruits et légumes frais rejetés par la grande distribution pour des questions d'esthétique, ou dont les agriculteurs possèdent trop de stock. Elle les revend ensuite en ligne, sous forme de paniers, à des particuliers abonnés à son service. Les tarifs sont 40 % plus faibles qu'en magasin. "La question du prix est une équation compliquée car nous proposons des produits bio et français, ce qui a un coût, mais le montant doit rester attractif. Il faut aussi valoriser le travail des producteurs", explique Sven Ripoche, cofondateur de la start-up.

Les paniers de Bene Bono sont accessibles en points de retrait dans plusieurs grandes villes françaises (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, etc.) et espagnoles (Madrid, Barcelone, Valence). Cette internationalisation a notamment été rendue possible par une levée de fonds de 7 millions d'euros finalisée en 2022, qui doit aussi permettre à l'entreprise d'élargir la gamme de produits proposés en se diversifiant dans le frais, de personnaliser les paniers du côté clients, etc.

PimpUp adopte une approche similaire, en rachetant aux producteurs et coopératives leurs fruits et légumes dont n'ont pas voulu les magasins, puis en les revendant à ses abonnés. En septembre 2023, PimpUp livrait 900 paniers chaque semaine à des tarifs 20 % moins cher qu'en grande distribution, dans une centaine de points relais situés près de Montpellier et Toulouse, où l'entreprise est pour l'instant implantée en attendant de viser d'autres territoires. "L'idée est vraiment de valoriser cette production imparfaite issue de différentes formes d'agriculture – raisonnée, biologique ou conventionnelle – en proposant aux producteurs ou transformateurs une rémunération équitable. Cette chaîne vertueuse nous a déjà permis de sauver 154 tonnes de produits alimentaires", exposait Manon Pagnucco, cofondatrice de l'entreprise, en septembre 2023 auprès de La Tribune.

En plus d'agrandir son réseau de producteurs, la start-up devrait à l'avenir étendre le catalogue d'articles qu'elle propose, en l'ouvrant à des produits d'épicerie n'ayant pas leur place dans les rayons des magasins en raison d'emballages abîmés, d'étiquettes illisibles, de dates de péremption trop courtes, etc. PimpUp vise 15 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'horizon 2027 et prévoit de lever des fonds en 2024 pour accélérer sa croissance.

Stokelp (2021) aide les industriels à ne pas gaspiller leurs surstocks

"Pour être sûr de répondre à la demande au risque de se voir déréférencés, les industriels font des stocks supérieurs à ce dont ils ont besoin. Sans compter les effets de mode, avec l'échec commercial de certains produits, qui laissent de grandes quantités de matières premières inutilisées", constate Tanguy de Cottignies. Face à cette situation qui favorise le gaspillage, il a cofondé Stokelp. Cette plateforme se présente comme une marketplace où les industriels faisant face à des surstocks alimentaires postent une annonce indiquant le type de produits qu'ils possèdent. Les membres intéressés se manifestent et l'échange peut être conclu. Stokelp sert alors d'intermédiaire, en acquérant les produits concernés pour les revendre à l'acheteur, en vérifiant au passage la qualité et les prix. Elle se rémunère en prenant une commission sur le montant de la transaction. Enfin, la logistique est aussi gérée par la start-up, qui a conclu un partenariat avec Stef, spécialiste du transport frigorifique. "Le catalogue en ligne est presque exhaustif : fruits, légumes, poissons, viandes, ingrédients, herbes aromatiques, crémerie, traiteur et emballages. Seuls certains produits frais en sont pour le moment exclus", note Les Échos.

Stokelp devrait réaliser entre 2 et 3 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023. Pour poursuivre son développement, la société envisage de lancer un service d'abonnement, qui donnera accès à certains avantages (paiement plus rapide, crédit à l'achat, etc.), s'internationaliser – 85 % de son activité émane pour l'instant de France –, et renforcer son intégration au sein de l'industrie agroalimentaire, pour optimiser l'approvisionnement des producteurs. Afin de poursuivre ses ambitions, la start-up a mené à bien une levée de fonds de 3 millions d'euros en 2023, convainquant notamment les fonds AFI Ventures, Rotschild & Co, Better Angle et OneRagtime.

Willy anti-gaspi (2022), du bio à l'anti-gaspillage

Après avoir lancé une épicerie bio en ligne en 2021, Clément Méry et Jonathan Negrin réorientent leur projet l'année suivante autour de l'anti-gaspillage : leur site propose désormais des produits secs et d'hygiène dont la date de durabilité minimale s'avère trop courte pour qu'ils soient vendus dans les magasins traditionnels. Un an après son lancement, Willy anti-gaspi s'appuyait sur 800 références, vendues 25 à 50 % moins cher qu'à l'accoutumée. La start-up dégage tout de même une marge deux fois supérieure au prix d'achat, grâce à des tarifs réduits lorsqu'elle se fournit auprès des industriels. À terme, l'entreprise vise 3 000 produits référencés et une logistique hyper-efficace. "Il nous faut moins de cinq minutes pour mettre un produit en ligne. C'est l'un des sujets sur lesquels il faut être très fort", estime Clément Méry.

En 2023, Willy anti-gaspi espérait réaliser 800 000 euros de chiffre d'affaires. Cette même année, la société a levé 1 millions d'euros auprès de Bpifrance, du fonds Good Only Ventures, de la banque éthique La Nef et de plusieurs business angels, avec plusieurs projets en tête pour l'avenir : recrutement, diversification dans les produits frais, ouverture d'un magasin physique, lancement de sa propre marque d'articles… Cet essor pourrait également aider Willy anti-gaspi à nouer des partenariats avec des industriels pour faciliter son approvisionnement, comme elle l'a déjà fait avec Bonneterre et Bjorg.

Samuel Arnaud

 

 

 

Principales sources utilisées pour la rédaction de cet article :

·         Bouron Fleur, "Willy anti-gaspi lève un million d'euros pour étoffer son catalogue de produits à prix réduits", lesechos.fr, 28 juin 2023

·         Corot Léna, "Hors Normes lève 7 millions d'euros pour lutter contre le gaspillage alimentaire", usine-digitale.fr, 8 juillet 2022

·         Ducrot Valentine, "Comment PimpUp veut devenir un acteur majeur de l'anti-gaspillage", latribune.fr, 18 septembre 2023

·         Fortin Pierre, "Stokelp, le site anti-gaspi de l'industrie agroalimentaire", lesechos.fr, 2 janvier 2024

·         Maignant Véronique, "Beesk. En croissance de 15 %, l'entreprise bretonne anti-gaspi se renforce à l'Ouest", bretagne-economique.com, 5 décembre 2023 

·         Nguyen Émilie, "Sven Ripoche, cofondateur de Bene Bono. Promouvoir l'antigaspillage 2.0", LSA, 28 septembre 2023, p.100

·         Wong Camille, "Antigaspi : ces start-up qui misent sur les surstocks des industriels", lesechos.fr, 13 juillet 2023

Auteur :
Arnaud, Samuel
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