Moins énergivore que le recyclage, la consigne de contenants en verre devrait refaire son apparition dans les grandes surfaces, sous l'impulsion d'une volonté gouvernementale. Les premières initiatives concrètes, concentrées en région parisienne pour la majorité, voient le jour chez les distributeurs.

Moins énergivore que le recyclage, la consigne de contenants en verre devrait refaire son apparition dans les grandes surfaces, sous l'impulsion d'une volonté gouvernementale. Les premières initiatives concrètes, concentrées en région parisienne pour la majorité, voient le jour chez les distributeurs.
Par Samuel Arnaud - Publié le 25/03/24
Face aux objectifs de réduction des déchets et des emballages plastiques, la consigne du verre apparaît comme une solution opportune. Pratique ayant quasiment disparu en France, elle devrait peu à peu revenir dans la grande distribution. En juin 2023, Bérangère Couillard, secrétaire d'État à l'Écologie, a en effet dévoilé la volonté du gouvernement de généraliser la consigne du verre d'ici 2025 dans les super- et hypermarchés, après une période d'expérimentation au sein des magasins volontaires. Les clients déposent leurs bouteilles ou pots en verre et reçoivent en échange le montant de la consigne, éventuellement sous forme de bons d'achat. Les contenants sont ensuite lavés puis rendus aux industriels pour être réemployés. "Baisser la production de plastique [passe par le] réemploi du verre", affirme Bérangère Couillard. Selon l'Ademe, une bouteille de verre peut être réemployée jusqu'à 25 fois et permet d'économiser 51 % d'eau, 76 % de CO2 et 79 % d'énergie par rapport à la production d'une bouteille neuve.
Les grandes surfaces s'engagent
Les principaux distributeurs français commencent à se mobiliser afin d'adopter la consigne du verre. En décembre 2023, Carrefour a débuté ses premiers tests dans 150 points de vente parisiens, en collaboration avec Coca-Cola France, Heineken France et l'éco-organisme Citeo. D'ici 2026, le groupe vise 500 établissements impliqués et 40 millions d'emballages réemployés. "Nous allons étendre vers d'autres types de magasins quand nous aurons compris comment ça marche et le nombre de bouteilles que les gens ramènent. […] La réduction de nos emballages est à la fois une attente très forte de nos clients, un impératif environnemental majeur, et un vrai défi pour notre filière. En lançant notre programme de consigne pour réemploi, nous voulons accélérer et réhausser nos engagements pris dans le cadre de notre plan Carrefour 2026. Avec ce plan, nous voulons prouver qu’un modèle économique existe, et convaincre nos partenaires de nous suivre dans cette démarche", détaillait Alexandre Bompard, PDG de Carrefour.
Deux mois plus tard, E.Leclerc et Système U se lançaient ensemble dans la consigne, également en région parisienne pour débuter. Le projet englobe plusieurs industriels des boissons (Coca-Cola, Perrier, Vittel, Météor, Lorina) ainsi que Petrel, une société spécialisée dans le réemploi des emballages. "Une des grandes innovations, c'est qu'on utilise les camions des cafés-hôtels-restaurants qui passent dans le quartier. Ils vont livrer des bouteilles pleines et ils ont de l'espace vide au retour. Donc on profite de cet espace vide pour que ce soit ramené à un centre où ça va être redispatché par les grands industriels", explique Hugues Pelletier, dirigeant de Petrel, à propos de la logistique mise en place.
Le système se répand aussi chez les enseignes bio. Alors que le leader Biocoop s'emploie déjà à relancer la consigne depuis plusieurs années, So.Bio et Bio c'Bon l'ont rejoint depuis 2023. "Dorénavant, 13 points de vente du Sud-Est proposent des produits consignés. Les magasins travaillent en partenariat avec Rebooteille en Rhône-Alpes et l'association L’Incassable en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ces acteurs locaux gèrent la logistique et le nettoyage des contenants", indique le média spécialisé Circuits Bio. Les premiers taux de retour s'élèvent à 36 %, le but étant de se stabiliser au plus vite autour des 50 %, "moyenne nationale constatée par les réseaux de réemploi", selon So.Bio et Bio c'Bon.
Convaincre et accompagner les industriels
Si l'engagement des distributeurs s'avère indispensable, celui des industriels se révèle tout aussi crucial. Ces derniers doivent en effet être prêts à réutiliser des contenants dans leur chaîne de production, voire à passer du plastique au verre pour pouvoir en profiter. Pour les accompagner dans cette transition, l'État va déployer un fonds de 50 millions d'euros. L'éco-organisme Citeo a également lancé, en partenariat avec plusieurs verriers, une production de pots et bouteilles en verre standardisés, pour faciliter le réemploi de ces emballages qu'importe leur source.
Pour Alexandre Mariat, un des dirigeants du fabricant de limonade Lorina, le succès écologique et économique de la consigne ne sera atteint que si toute la filière répond présente : "Il est plus cher aujourd'hui de réemployer que de faire du neuf. Je dirais à peu près 50 % plus cher. C'est beaucoup mais parce que, pour l'instant, on est au début de l'histoire. L'objectif demain est de passer sur un système de consigne à 100 %. On n'arrivera à le faire que si on le fait tous ensemble."
Principales sources utilisées pour la rédaction de cet article :
· Auvigne Sophie, "La consigne des bouteilles en verre de retour en France en Ile-de-France", francetvinfo.fr, 7 février 2024
· Leboulenger Sylvie, "Carrefour démocratise la consigne pour réemploi", lsa.fr, 6 novembre 2023
· Martinage Xavier, "La consigne du verre sera généralisée en France d’ici deux ans", capital.fr, 23 juin 2023
· Monnier Magali, "So.Bio et Bio c’ Bon accélèrent sur la consigne", circuits-bio.com, 20 mars 2024
